MAURICIO OLITE  

Membre de l'association   

Zona media por el tren, Erdialdea trenaren alde

La Navarre en faveur du train social

Personne ne peut nier que le train que nous avons connu jusqu'à maintenant se trouve à une période critique. En fait, en raison du manque d'intérêt politique et de la dépréciation des institutions, les chemins de fer de moyenne et longue distance ont connu une détérioration ces dernières décennies, et beaucoup sont en passe d’être démolis. Ce n'est pas une coïncidence, cela fait des décennies que de l’argent public est gaspillé en faveur du lancement de cette stratégie politique. Les politiques économiques gourmandes liées au BTP ont conduit à la construction de grands réseaux ferroviaires avec des stations aujourd'hui vides, faisant du gaspillage aveugle de l'argent public.
Si une démocratie est une capacité de gouvernance et d'organisation que possède un territoire, cette capacité inclut bien entendu le transport et la mobilité. Afin de maintenir une organisation territoriale démocratique et de promouvoir la cohésion territoriale, il est essentiel que le droit à la liberté de mouvement et de transport soit structuré de manière cohérente dans tout le pays.
Dans le centre de la Navarre, il y a quelques années, en 2013 plus concrètement, un collectif s’est créé, qui se mobilise en faveur de la revendication du train social pour la Navarre. Nous avons interviewé Mauricio Olite, membre de ce groupe.

1.- Qu'est-ce que Zona Media por el Tren - Erdialdea Trenaren alde ? Comment surgit-il et avec quel objectif ?
Nous sommes un collectif citoyen qui a commencé à se mouvoir en défense de la gare de Tafalla, en juillet 2013. Un groupe diversifié et expérimenté, c'est-à-dire avec de nombreuses années de parcours, uni dans l'objectif de ne pas permettre la disparition du train traversant la zone centre de Navarre. Nous avons un accès direct au train depuis 1865, donc nous avons connu toute son évolution, et c'est précisément maintenant en 2017 qu'ils sont déterminés à construire un TGV qui nous laissera isolés, sans accès direct aux trains longue distance, Barcelone, Madrid, A Coruña... Et avec toutes les affections négatives dans nos villages.

2.- Quelles différences et quelles similitudes y a-t-il entre le mouvement historique anti-TGV et ce mouvement ?
Certains d'entre nous ont participé à ses objectifs et à ses mobilisations, mais à mon avis la plupart des gens n'ont pas compris le message et n'ont pas perçu le TGV comme une menace, ils n’étaient pas conscients de ce que cela signifiait pour Tafalla et la zone centre de Navarre. Certains d'entre nous avions proposé dans les cercles politiques ou nous étions investis, sans succès, de changer de stratégie. Au vu de cela, un groupe d’habitant-e-s de Tafalla sommes entrés dans ce schmilblick par nous-mêmes. Un an plus tard, nous avons créé une association légale avec la participation de personnes de 27 villages.

3.- Jusqu'à présent, pourquoi pensez-vous avoir un accueil transversal dans les villages de la zone centre de Navarre ?
Nous avons entrepris de nous informer et d'informer les gens sur les effets et les conséquences les plus immédiats et les plus réels qui affectent tout le monde. Quelque chose d'aussi évident comme ceci : s-ils construisent une variante de chemin de fer qui passe devant et à l'extérieur de votre gare, vous êtes à court de train, la plupart ne l'ont même pas perçu ou cru. Le TGV est décrit comme un progrès, le progrès est donc bon et ceux qui s'opposent sont les habituels « anti-tout », en général ce type d’argument n'était pas remis en question.
De même, RENFE et Adif sont très redevables par leurs investissements dans le TGV, la détérioration du réseau conventionnel est un fait, la fermeture de la plupart des stations une réalité et la détérioration par la réduction du personnel à Tafalla, une conséquence supplémentaire. Quand nous avons réussi à informer efficacement, c'était, et c'est toujours, le point d'union.

4.- Les principes et les valeurs attribués au projet de train à grande vitesse sont le progrès et la rapidité. En 25 ans, nous disposons de l'un des réseaux à grande vitesse les plus étendus d'Europe. Mais depuis 30 ans que le TGV a été lancé, les technologies ont changé et le débat en Europe semble être sur d'autres axes, où le modèle de train est celui de vitesse moyenne, avec des arrêts dans les villes moyennes combinant avec des trains de banlieue. Vous êtes d'accord ?
Bien sûr. Nous avons eu une conférence à Tafalla avec Victor Pachon (activiste d'Iparralde) et il a donné des informations très claires. Il nous a dit que le débat sur le TGV était terminé, que les grands médias européens ont pointé comme conclusions un modèle de train de vitesse moyenne, autour de 200 km/h, avec des arrêts dans les villes intermédiaires. Et cela nous convient. L'ivresse espagnole du TGV, avec l'argent de tous, est une folie qui va tomber dans l'histoire du non-sens. À l'avenir, ce n'est pas la grande vitesse qui sera imposée au transport terrestre, même dans les airs, ceux qui sommes âgés nous souvenons de l'avion supersonique Concorde, qui réduisait de 50% les temps de vol et comment il a échoué. Maintenant, l'Airbus a été imposé là où la grande capacité prévaut sur la vitesse. Le train à grande vitesse au Japon (600 km/h) existe également depuis de nombreuses années, mais il n'a pas eu de réplique.

5.- Sur le site web du gouvernement de la Navarre, on s’aperçoit qu'il entrevoit deux alternatives : améliorer le tracé actuel ou faire un nouveau corridor. Et il parie sur la seconde. En quoi consistent ces alternatives et qu’en pensez-vous ?
Il parie sur la seconde alternative avec l'argument principal que la concurrence vient de Madrid et que l'investissement est fait par l'Etat. Il ne développe ni ne considère la défense d'une autre alternative qui intéresse davantage la Navarre.
Ce nouveau corridor qu’avaient entrepris les partis UPN-PSOE-PP et que soutient maintenant le gouvernement actuel de Navarre, avec Manu Ayerdi comme promoteur principal, est un désastre pour la zone centre, il nous laisse hors d’accès au train longue distance et détruit le territoire en créant une barrière inadmissible du sud au nord de la Navarre. Sans parler d'autres considérations économiques et sociales.

6.- Quelle alternative ou modèle défendez-vous ? Est-ce compatible avec les normes européennes ?

Nous avons toujours préconisé d'investir dans la voie actuelle en mettant en œuvre un troisième rail pour atteindre la largeur internationale, et également améliorer le tracé dans les courbes et les sections qui seront nécessaires pour atteindre plus de capacité et de sécurité. Ceci est compatible avec la construction d'une deuxième voie parallèle à l’actuelle, et par la même voie. Adif s’y est déjà penché dans plus d'une occasion, c'est ce que le gouvernement de Navarre appelle maintenant l'alternative 1 (améliorer le tracé actuel). Bien sûr qu’il peut répondre à toutes les normes européennes de capacité, de modernité et de sécurité. Il peut également être construit en plusieurs phases et aurait beaucoup moins de coûts économiques et environnementaux.

7.- Votre association et Sustrai erakundea ont demandé la création d'un rapport parlementaire pour étudier l'affaire. Qu-en est il ?
Oui, d'autres groupes qui se battent contre le TGV l’ont aussi demandé. C’était il y a presque deux ans, nous l’avions demandé pour favoriser un débat au niveau technique, politique et social au Parlement sur le chemin de fer dont la Navarre a besoin et ensuite, si c’était le cas, pour demander une consultation citoyenne. La coalition des quatre partis s’est mise d’accord et un rapport plus générique sur la mobilité a été créé, mais cela n'a pas fonctionné. Il ne s'est réuni qu'une seule fois et n'a pas accueilli de techniciens, de groupes sociaux, d'entreprises ou d'experts. Une fraude pour la société.

8.- Pour mettre en œuvre le projet, l'expropriation forcée des terrains a été lancée par Madrid. Comment cela est-il reçu par les propriétaires et les municipalités touchés ?
Avec de l'impuissance et un sentiment d’incapacité à se défendre. Je peux parler de ce que je sais, c’est à dire l'analyse et la réaction qui ont eu lieu dans plusieurs conseils municipaux.
D’entrée de jeu, la loi sur l'expropriation obligatoire franquiste de 1954 et les règlements de 1957 s'appliquent, instruments « très démocratiques ». En outre, ils appliquent l'article 54 pour le faire en urgence et réduisent ainsi les délais déjà maigres à 50%, de sorte qu'ils vous donnent 15 jours pour vous mettre au courant, trouver des conseils techniques et argumenter votre défense. Une honte. Quelques maires ont publiquement signé un document de plainte et l'ont envoyé au ministère du développement, au gouvernement de Navarre ainsi qu'à RENFE et Adif, défendant également l'alternative 1.

9.- Si le gouvernement de Madrid et de la Navarre défendent apparemment le même projet TGV, comment comprenez-vous le manque de collaboration et la rupture de la convention qui a été rendue publique ?
C'est une stratégie électorale de la droite navarraise, avec une collaboration supplémentaire du gouvernement du PP.
Manu Ayerdi y collaborait, accomplissant (comme il le dit) sa part de la convention, mais quand ils ont vu que cela ne serait pas suffisant et n'entraînerait pas la rupture de l’accord entre les quatre partis, ça ne les intéressait plus, et ils ont appliqué leur « Rome ne paie pas des traîtres » qui allait mieux avec leur ligne d’accuser les autres, non seulement contre la gauche avec le classique « vous êtes l'anti-progrès, etc », mais aussi contre le gouvernement du changement en outrageant Geroa Bai, lui refusant la possibilité de participer et le blâmant pour la rupture en le traitant d’inefficace et d'être « pris en otage » par EH Bildu.
En fait, il y a une double dynamique ; la tentative de récupérer le pouvoir par les constitutionnalistes, et celle de recentralisation aux marches forcées de l'Etat. Les 17 lois provinciales suspendues ne sont pas un hasard, ni la négociation et la signature de la convention bloquée, ni les tentatives d'intervention sans précédent de la Cour des comptes sur l'Etat de Navarre, ni l'intervention de fait du même tribunal dans les comptes des municipalités navarraises (sans lui donner l’importance qu’il avait concernant la réforme de l’article 135 de la constitution), ni le blocus et le retour au bercail du projet de loi pour la police de Navarre, et la mise en œuvre des grands projets d'infrastructure sans passer par le gouvernement ni tous les citoyen-nnes de Navarre, entre autres. Quel besoin ont-ils d'appliquer l’article 155 ici, si de fait ils nous ont enlevé la souveraineté de la Navarre et sont même intervenus sur le statut d’amélioration ? La chose est compliquée, il faut donc être optimiste et continuer à se battre.



 
PERFIL: MAURICIO OLITE

Nace en Campanas-Arrizabalaga el 9 de Abril de 1950. A primeros de los 70 toma parte en la fundación de las primeras Comisiones Obreras, que más tarde serían el Sindicato Unitario, Colectivo Unitario y LAB. En el 79 sale elegido parlamentario foral, y forma el grupo AMAIUR, etapa constituyente en Navarra, frustrada por la reforma. En el 83 es el primer concejal de HB en Tafalla. Desde el 87 al 95 de nuevo parlamentario, asume responsabilidades como portavoz de HB en Navarra, coordinador del grupo parlamentario, miembro de la Mesa Nacional, etc. En el 95 deja las responsabilidades políticas, y tras un año de reciclaje profesional se centra en las energías renovables promoviendo con otras personas una pequeña empresa de energía solar que en pocos años lidera el sector en el Estado, conocida y reconocida a nivel internacional por su creación y desarrollo de las llamadas “Huertas solares”. Además de los conocimientos específicos sobre energía solar, refuerza sus conocimientos sobre marketing y gestión comercial y asume, en los últimos años, la dirección de esa área a nivel de Europa y America latina, hasta que sale de la empresa en Abril de 2011. Ahora esta jubilado y activo, sobre todo en el movimiento social y medioambiental.